Direction des affaires juridiques - AP-HP

Newsletter n°2 - 10 août 2016

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Thématique - Organisation des soins

Les nouveaux droits des malades et des personnes en fin de vie sont pleinement effectifs 

 

Les trois textes attendus pour l'application de la loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ont été publiés au Journal officiel du 5 août 2016.

Un premier décret porte sur l'expression de la volonté des personnes majeures relative à la fin de vie, au sein de directives anticipées. Ces directives deviennent donc pleinement opposables.

Ce décret évoque les conditions de validité des directives anticipées, les conditions selon lesquelles elles peuvent être révisées et révoquées, leurs modalités de conservation et les obligations du médecin qui envisage de prendre une décision de limitation ou d'arrêt de traitement, en termes de recherche de l'existence de ce document.

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Les directives anticipées pourront être rédigées selon un modèle fixé par arrêté du 03 août 2016. Des guides élaborés par la Haute Autorité de santé pour aider le public et les professionnels de santé et du secteur médico-social et social à la rédaction à partir de ce modèle sont consultables par ailleurs sur le site de la HAS.

Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie est par ailleurs chargé d'élaborer des documents d'information relatifs à la possibilité de rédiger des directives anticipées et aux modalités concrètes d'accès au modèle type.

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Un second décret vient modifier le code de déontologie médicale. Il précise les procédures collégiales qui doivent être mises en œuvre :

• lorsqu'il est envisagé de ne pas faire application des directives anticipées d'un patient hors d'état d'exprimer sa volonté,

• avant une décision de limitation ou d'arrêt de traitement en l'absence de directives anticipées,

• avant toute décision de recourir à une sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu'au décès, associée à une analgésie et à l'arrêt de l'ensemble des traitements de maintien en vie, sauf si le patient s'y était opposé dans ses directives anticipées.

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116 117 : nouveau numéro national d'appel pour la permanence des soins ambulatoires

Un décret pris pour l'application de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé prévoit que la régulation téléphonique de l'activité de permanence des soins ambulatoires sera accessible gratuitement, soit par le numéro national d'aide médicale urgente (le 15), soit par un nouveau numéro national de permanence des soins (le 116 117). 

Ce nouveau numéro sera mis en service au plus tard le 1er janvier 2017.

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Principaux impacts de la loi dite "El Khomri" sur les établissements publics de santé

Publiée au Journal officiel du 9 août 2016, la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels comporte de nombreuses dispositions applicables aux établissements publics de santé.

Désormais, les fonctionnaires sont protégés contre les agissements sexistes, définis comme "tout agissement lié au sexe d'une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant".

La loi aborde également largement le sujet des services de santé au travail, que ce soit leurs missions, leur organisation ou leurs moyens d'action. A cet égard, le Gouvernement est chargé de formuler des propositions pour renforcer l'attractivité de la carrière de médecin du travail.

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« Parcours professionnels, carrières et rémunérations » : une instruction pour accompagner les établissements publics de santé

Dans le cadre de l'accord sur la modernisation des parcours professionnels, des carrières et des rémunérations, une vingtaine de décrets et arrêtés ont été publiés au mois de mai 2016 pour faire évoluer les règles de gestion statutaire de certains agents de la fonction publique hospitalière. Les textes concernant les autres corps et catégories devraient être publiés avant la fin de l'année 2016.

Une instruction du 21 juillet 2016 apporte des éléments aux employeurs pour la mise en œuvre de cette réforme, qui prend effet de façon rétroactive au 1er janvier 2016 pour certains corps et se poursuivra jusqu’en 2020.

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La lettre de liaison : nouvel outil de coordination du parcours du patient

La loi de modernisation de notre système de santé a prévu la rédaction d'une lettre de liaison afin notamment de mieux organiser les relations entre l'hôpital et la médecine de ville. Un décret du 20 juillet 2016 vient en préciser le contenu ainsi que ses modalités de transmission.

Désormais, lors de la sortie de l'établissement de santé, une lettre de liaison, rédigée par le médecin de l'établissement qui l'a pris en charge, est remise au patient par ce médecin, ou par un autre membre de l'équipe de soins et qui s'assure que les informations utiles à la continuité des soins ont été comprises. La lettre de liaison est transmise le même jour, au médecin traitant et, le cas échéant, au praticien qui a adressé le patient. Elle est versée dans le dossier médical partagé du patient, s'il existe.

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Échange et partage d'informations entre professionnels de santé

La loi prévoit que les professionnels participant à la prise en charge d'une même personne peuvent échanger ou partager des informations relatives à cette personne. Un décret du 20 juillet 2016 précise qui est concerné et dans quelles conditions.

Les informations échangées doivent être strictement nécessaires à la coordination ou à la continuité des soins, à la prévention, ou au suivi médico-social et social de la personne. Cette dernière doit être, au préalable, informée non seulement de la nature des informations devant faire l'objet de l'échange, mais également de l'identité du destinataire et de la catégorie dont il relève, ou de sa qualité au sein d'une structure sociale ou médico-sociale.

Quel que soit leur mode d'exercice, tous les professionnels de santé sont concernés. Le décret du 20 juillet 2016 est également applicable à d'autres professionnels (ostéopathes, assistants maternels et assistants familiaux, mandataires judiciaires à la protection des majeurs, etc.).

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Dans quelles structures les professionnels sont-ils réputés être membres d'une même équipe de soins ?

Un décret du 20 juillet 2016 définit la liste des structures de coopération, d'exercice partagé ou de coordination sanitaire ou médico-sociale dans lesquelles les professionnels sont réputés être membres d'une équipe de soins.

Il s'agit notamment des groupements hospitaliers de territoire, des fédérations médicales inter-hospitalières, lorsqu'ils ont pour objet la prise en charge médicale coordonnée de personnes, des GCS et des GCSMS, des GIP et GIE, des maisons et  centres de santé, des sociétés d'exercice libéral et des réseaux de santé.

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Jurisprudences

Soins sous contrainte : les décisions du préfet ne peuvent pas avoir d'effet rétroactif

 

Dans un avis du 11 juillet 2016, la Cour de cassation a affirmé que les décisions prises par le Préfet en matière de soins psychiatriques sous contrainte - admission et modification de la forme de la prise en charge, doivent précéder l'admission effective et la modification effective de la forme de la prise en charge du patient.

Une tolérance est acceptée, concernant l'admission. Un délai est en effet susceptible de s’écouler entre l’admission et la décision du préfet et celle-ci peut être retardée le temps strictement nécessaire à l’élaboration de l’acte. Ce délai ne saurait toutefois excéder quelques heures. Au-delà de ce bref délai, la décision est irrégulière

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L'absence de transfert de la responsabilité pénale d'un centre hospitalier absorbé à l'occasion d'une opération de fusion- absorption est conforme à la Constitution

Un établissement public de santé était poursuivi du chef de complicité d'exercice illégal de la profession d'infirmier. Le centre hospitalier invoquait la nullité des poursuites à son encontre : du fait de son intégration au sein d'un groupe hospitalier, il avait perdu depuis lors sa personnalité juridique.

La Cour de cassation a refusé de transmettre la question au Conseil constitutionnel. Elle a estimé que les articles 121-1 et 121-2 du code pénal sont clairs et précis et qu'il en résulte que l'absence de transfert de la responsabilité pénale de la personne morale absorbée à l'occasion d'une opération de fusion- absorption ne porte pas atteinte aux principes de légalité et de sécurité juridique.

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Crédits : AP-HP - Thinkstock