Dans le cadre de la loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, les ministres chargées du travail, de la santé et de l’enseignement supérieur et de la recherche ont confié à l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) et à l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) la mission d’établir un rapport sur l’attractivité de la carrière de médecin du travail, et notamment l’amélioration l’information des étudiants en médecine sur le métier de médecin du travail, la formation initiale des médecins du travail ainsi que l’accès à cette profession par voie de reconversion.
Ce rapport souligne que cette loi a permis de régler, à terme, la pénurie de médecins du travail grâce à la régulation de leur activité et du nombre de visites qu’ils doivent effectuer. Toutefois, elle a généré un besoin accru d’infirmiers en santé au travail, profession dont les capacités de formation doivent être augmentées.
Il propose cinq évolutions pour remédier à la faible attractivité de la médecine du travail qui est liée à la qualité du recrutement et à son image de médecine administrative éloignée de l’hôpital :
- la spécialité pourrait évoluer vers une médecine du travail et environnementale : les risques sont proches, les salariés constituent une partie de la population générale et le réseau des médecins du travail constitue un vigile avancé ;
- l'enseignement pédagogique du deuxième cycle devrait être modifié : des questions de médecine et santé au travail pourraient être insérées dans chaque unité d'enseignement (UE) et posées lors des épreuves classantes nationales informatisées (ECNI) dans les dossiers cliniques transversaux, les stages de découverte en service de santé au travail généralisés notamment en cinquième année ;
- la réforme du troisième cycle des études médicales représente une opportunité pour introduire certaines évolutions qui permettraient de renforcer le caractère original du cursus de la médecine et santé au travail, notamment le rapport avec l'entreprise ;
- l'extension limitée de prescription pourrait être octroyée au médecin du travail, dans deux cas : la délivrance d'un primo arrêt de travail, en alternative à une décision d'inaptitude toujours stigmatisante, et la pratique dans le respect des règles déontologiques, de la spécialité complémentaire acquise dans le cadre de la formation spécialisée transversale (addictologie, maladies allergiques…), qui concernera un faible contingent de médecins du travail ;
- le médecin du travail doit être intégré dans le parcours de santé ; il pourrait notamment être autorisé à alimenter le dossier médical partagé (DMP) via un volet spécifique "contexte et expositions professionnels ou santé au travail".
Dans la mesure où les problématiques de la santé au travail et de celles de la santé environnementale sont proches et que les anciennes propositions de rapport sont souvent restées sans suite, « la mission recommande que le pilotage national de la politique globale de la santé au travail soit confié au comité interministériel pour la santé en associant travail, santé et environnement, et qu'un seul plan national et des plans régionaux uniques de développement et de renforcement de la prévention en santé soient mis en place, regroupant l'ensemble des plans par milieu existants actuellement. »