Saisi par le ministre des Solidarités et de la Santé sur la reconduction du confinement au-delà des quinze premiers jours annoncés par le Gouvernement, le Conseil scientifique a rendu un avis le 24 mars 2020.
II rappelle dans un premier temps que cette intervention vise en premier lieu à soulager les services de réanimation en réduisant le nombre de formes graves nécessitant un séjour dans ces services déjà saturés. D’autre part, il explique que trois semaines sont nécessaires pour obtenir une première estimation de l’efficacité des mesures de confinement et qu’avant d’envisager une levée de ces mesures, le gouvernement devra s’assurer que l’objectif de l’intervention est effectivement atteint et que les éléments d’une stratégie post-confinement sont opérationnels. Le Conseil scientifique considère qu’en raison des incertitudes scientifiques pesant sur la dynamique de l’épidémie, il n’est pas possible d’envisager une date de sortie du confinement qui devrait vraisemblablement durer six semaines à compter de sa mise en place.
Le Conseil scientifique invite le Gouvernement à renforcer les mesures de confinement en les appliquant à toute la population dans un esprit d’égalité. Cette option peut conduire à restreindre les possibilités de déplacement, de transport voire de sorties du domicile, y compris le travail (activités non essentielles). D’autre part, il préconise une application stricte du confinement dans les modalités actuelles permettant ainsi aux autorités publiques de renforcer l’application du confinement partout où il est insuffisamment observé (mesures locales d’encadrement des marchés, mise en place d’un couvre-feu nocturne de 22h à 5h). Il souligne également la nécessité de mettre en place des mesures d’accompagnement spécifiques pour les personnes en situation de précarité ou sans domicile, ainsi que pour les personnes susceptibles de faire l’objet de discriminations (gens du voyage). A cet égard, il alerte sur les risques d’émergence de nouveaux foyers de contamination en cas de regroupement
Dans la seconde partie de son avis, le Conseil scientifique établit une liste des points de vigilance. Ainsi, il considère comme indispensable d’assurer en priorité l’approvisionnement en équipement de matériels de protection personnels pour les soignants des secteurs médicaux et médicaux-sociaux. D’autre part, il considère indispensable que dans le cas de l’état d’urgence sanitaire soient rapidement prises des mesures sur le pilotage, l’organisation et la coordination des soins, la circulation de l’information et la mobilisation des moyens logistiques nécessaires. Il rappelle le rôle essentiel de la médecine de ville pour la prise en charge et le suivi des patients Covid-19 et de ceux atteints d’autres pathologies. Enfin, il attire fortement l’attention sur la santé psychique et la nécessité d’accompagner les mesures actuelles de prise en charge spécifique notamment s’agissant des personnes isolées ou précaires et « l’importance majeure » d’impliquer le monde associatif dans les semaines à venir.