À l’occasion de son congrès scientifique tenu en septembre dernier, la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP) ainsi que la Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation (SOFMER) ont conjointement élaboré et présenté des recommandations visant à encadrer la pratique professionnelle sur les décisions de limitation et/ou arrêt de traitements (LAT) en services de soins critiques de l’adulte. Cette initiative commune explore plusieurs axes de réflexion et d’action concrète destinés à soutenir les équipes soignantes confrontées à cette prise de décision difficile.
Dans cette perspective, le groupe d’experts mobilisé, a formulé un nombre minimal de recommandations qui aborde trois principaux domaines :
- Les Prérequis et modalités d’une décision de limitation et/ou arrêt des traitements
- Les modalités de mise en œuvre d’une décision de limitation et/ou arrêt des traitements
- Les Relations avec les proches, communication, désaccords et conflits
Le champ d’étude des présentes recommandations se concentre exclusivement sur les services de soins critiques de l’adulte. Les recommandations visent un public large de professionnels, médicaux et paramédicaux, exerçant dans les services de soins critiques de l’adulte.
En premier lieu, les experts recommandent d’organiser des réunions pluriprofessionnelles régulières de réflexion et d’échange autour du projet de soins des patients afin d’améliorer la qualité des soins. En parallèle, cette démarche a pour but de favoriser une ambiance éthique positive et de faciliter la reconnaissance collective de l’obstination déraisonnable. Elle participe également à réduire la souffrance morale des professionnels soignants.
Par ailleurs, dans une logique respectueuse du principe d’autodétermination du patient, les experts recommandent que la recherche de sa volonté doit impérativement dépasser le simple recours aux directives anticipées ou à la personne de confiance. Les professionnels sont dès lors invités à élargir leur démarche d’investigation en sollicitant tout interlocuteur pertinent, en se rapprochant par exemple des médecins référents, qui sont considérés de par leur connaissance du patient avant l’hospitalisation en soins critiques, comme une ressource potentielle pour le recueil de la volonté réelle du patient.
Bien que la dimension religieuse ou spirituelle n’ait pas été spécifiquement abordée dans le champ des recommandations, les sociétés savantes rappellent que les valeurs personnelles du patient, y compris ses convictions spirituelles doivent être intégrées dans la réflexion éthique entourant le projet thérapeutique.
Ensuite, pour les patients hospitalisés en soins critiques, lors d’une réflexion autour d’une décision de limitation et/ou d’arrêt des traitements, les experts recommandent d’utiliser un protocole de service d’aide à la décision et de communication avec les proches pour améliorer la qualité des soins.
Enfin, les recommandations envisagent des solutions concrètes pour la gestion des situations de désaccords et de conflits avec les familles.
Afin de contrer ce risque, pour les proches de patients hospitalisés en services de soins critiques, il est préconisé d’utiliser une stratégie d’accompagnement structurée après une décision d’arrêt et/ou limitation de traitements, incluant des interactions proactives avec l’équipe soignante et/ou des supports de communication.
En définitive, par cette initiative, la SFAR, la SFAP et la SOFMER affirment la nécessité d’une culture partagée de la décision collégiale d’arrêt et/ou de limitation des thérapeutiques actives et suggèrent des solutions concrètes pour aborder la prise de ces décisions cliniques difficiles.