Le 17 juillet dernier, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié ses premières recommandations relatives à la prise en charge médicale des personnes transgenres majeures souhaitant s’engager dans un parcours de transition de genre.
La HAS rappelle le cadre dans lequel se définit la transidentité, il s’agit d’une situation d’une personne dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe qui lui a été assigné à la naissance. Ce vécu peut conduire l’intéressé à solliciter un accompagnement relevant de plusieurs registres : social, administratif ou médical. Or, dans l’état actuel du système de soins, l’offre demeure fragmentaire, inégalement répartie sur le territoire, et souvent inadaptée à leurs besoins spécifiques.
Cette carence structurelle expose les personnes concernées à des risques majeurs de renoncement aux soins, de troubles anxiodépressifs, voire de passages à l’acte suicidaire.
Les recommandations émises ont ainsi pour finalité d’offrir aux professionnels de santé des repères explicites pour guider leur pratique, tout en tenant compte de la diversité des parcours.
Le changement de sexe, qui ne relève plus d’un trouble mental au regard de la CIM-11 (Classification Internationale des Maladies Onzième Révision) depuis 2018, est désormais considérée comme une affection liée à la santé sexuelle.
Sur ce fondement, la HAS précise que l’identité de genre ne doit pas faire l’objet d’une évaluation psychiatrique spécifique, et que l’accompagnement proposé doit être respectueux du principe d’autodétermination. L’accueil des demandes de soins doit se faire sans jugement, dans le respect du genre revendiqué, en utilisant le prénom et les pronoms choisis par la personne.
Les recommandations consacrent une approche pluridisciplinaire, de la prise en charge médicale sociale et psychologique du patient mobilisant l’ensemble des professionnels de santé susceptibles d’intervenir dans le parcours de transition.
Par ailleurs, le médecin généraliste est appelé à occuper une place centrale au sein de ce dispositif. En effet, il y joue un rôle pivot, regardé comme l’interlocuteur de premier recours, pouvant initier la coordination du parcours, assurer le suivi, ou procéder à la primo-prescription des traitements hormonaux.
A l’image de la pluralité d’acteurs intervenants tout au long du parcours de transition. Les recommandations précisent également les diversités de modalités d’accompagnement: prescription d’hormones, prise en charge chirurgicale, accompagnement psychologique et autres soins. En complément, afin de faciliter leur appropriation, la HAS y a joint deux documents techniques : une synthèse à l’attention spécifique des médecins généralistes et une fiche décrivant la mise en œuvre du parcours de soins.
Tenant compte du caractère irréversible de l’opération chirurgicale, la HAS insiste sur la nécessité d’une information préalable claire, loyale et circonstanciée, notamment quant aux modalités opératoires, aux risques inhérents (immédiats ou différés) et au caractère irréversible de certains actes. Cette information constitue la conditions sine qua non d’un consentement libre et éclairé, d’autant plus crucial que certains gestes ne peuvent être entrepris sans un temps de réflexion suffisant.
Enfin, dans le but de garantir la qualité de la prise en charge, la HAS insiste sur la nécessité de renforcer l’offre de soins sur le territoire ainsi que la formation initial et continue des professionnels. Ces recommandations pour l’heure adressées uniquement aux majeurs. Toutefois la HAS compte complétées ses recommandations par un second volet prochainement consacré aux mineurs.